Contributions TR 6 : EMI et École
Normes de l’identité et des savoirs numériques
Renaud Fabre, professeur des universités, ancien président d'université, rapporteur à la Cour des comptes.
Personnes, Contenus, Normes
- Partager les savoirs : une question pérenne, une relation personnelle
Éduquer : un « contenu » à faire partager par des « personnes »... Le maître, l’élève, le désir d’apprendre, supposent un « vis-à-vis » direct ou indirect de personnes, à partir d’un savoir. Dans l’éducation contemporaine, ce « vis-à-vis éducatif » est défini comme un rapport « personnalisé » : personnalisation des contenus, aides personnalisées, différenciation territoriale des actions scolaires…
- Comment s’organise la relation entre personnes et savoirs dans le cadre virtuel : quel est notre « vis-à-vis éducatif numérique » aujourd’hui ? [...]
- Quelle définition de la personne et de la vie privée par les normes numériques ? [...]
- Quelle définition de la personne et de la vie privée dans l’éducation ? Télécharger la contribution.
Face à l'information, devenir autonome ?
Bruno Devauchelle, chargé de mission TICE à l'Université catholique de Lyon et professeur associé à l'université de Poitiers
Dans un monde qui a consacré une forme d'individualisme comme modèle générique d'être en société, l'accès à l'information est un élément clé du développement personnel, du fait du développement massif du numérique. Mais dans ce monde, la responsabilité de soi tend à effacer la responsabilité de tous, le sens du bien commun et à faire injonction d'autonomie. Le monde scolaire, parce qu'il est avant organisé pour guider le jeune, pour l'amener à, est construit sur une ambiguïté contenue dans les propos de Condorcet lui-même : comment former tout en libérant ? Il est fondé aussi sur une autre ambiguïté récemment évoquée par Marcel Gauchet entre l'individuel et le collectif au sein du système scolaire. L'École est en charge de faire du collectif, de la société, et en même temps elle tend à promouvoir la réussite de chacun, parfois même au risque de la compétition avec les autres. Télécharger la contribution.
Quelques contraintes qui devraient peser sur l’EMI
André Tricot, Université de Toulouse
D’un point de vue évolutionniste (Geary, 2012), on peut considérer que la fonction de l’école dans une société est de combler le fossé entre les connaissances acquises par les enfants ou les adolescents par le simple fait de grandir en s’adaptant à leur environnement, et les connaissances qui leur seront nécessaires plus tard, pour être des citoyens (libres ou obéissants, épanouis ou bornés, capables de douter ou connaissant la Vérité, selon le projet de société). Dans la société des médias et de l’information, nous sommes donc arrivés à un tel fossé que les pratiques médiatiques et informationnelles des enfants et des adolescents ne sont plus suffisantes pour que de futurs citoyens soient capables de comprendre leur futur environnement et d’y agir. Cette façon de poser le problème de l’EMI me semble pouvoir contribuer à mieux identifier quelques contraintes susceptibles de peser sur l’EMI. Télécharger la contribution.
L’éducation aux médias, l’éducation à la violence, ou l'Éducation nationale en échec
Daniel Moatti, chercheur, docteur habilité à diriger les recherches, directeur scientifique du projet « L’addiction aux écrans des jeunes scolarisés », Laboratoire I3M – Université de Nice Sophia Antipolis
L’éducation aux médias et à l’information revient chaque année comme une ritournelle, surtout durant « la semaine de la presse » qui se déroule systématiquement au mois de mars dans les établissements scolaires. Cette manifestation au succès grandissant organisée par le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi) s’impose depuis 1983. C’est donc une action qui perdure depuis 30 ans. Il s’agit, en matière d’éducation, d’un travail sur le long terme. Un clip très récent, qui fait « scandale », devient le révélateur d’un état de fait relatif à la culture adolescente, à la force de pénétration des valeurs médiatiques dans la société et au recul des grands principes véhiculés par le système scolaire. Télécharger la contribution.
Numérique : meurtre de l'information ?
Claude Baltz, professeur émérite, Université Paris 8, équipe « Paragraphe »
Titre évidemment provoquant, pour mettre le doigt sur un problème qui mériterait d’être pris en considération dans les projets d’enseignement relatifs à ce que l’on désigne maintenant sous le terme englobant de « numérique ».
Le constat est assez simple : l’explosion des technologies numériques, la généralisation de leurs usages et la nécessité évidente d’une réponse éducationnelle semblent converger :
- vers une sorte de fascination de fait sur le numérique
- et, en conséquence, vers l’exclusion d’une réflexion minimale sur la place de l’information dans l’ensemble du processus : manière aseptisée d’exprimer ce que le titre ci-dessus avance plus crûment. Télécharger la contribution.
Question sur l'usage des ressources documentaires par les étudiants
Brigitte Juanals, maître de conférences HDR en Sciences de l’information et de la communication, Université Paris Ouest Nanterre
La formation à l’information fait partie des enseignements du milieu scolaire et universitaire sur l’argument que la maîtrise des principes de la recherche documentaire et des outils qui lui sont associés joue un rôle important dans le bon déroulement du cursus des élèves et des étudiants.
Selon une étude menée récemment à l’Université de Paris Ouest Nanterre la Défense[1] : Devant la montée en puissance des pratiques culturelles numériques, de l’essor des forums, des blogs et des réseaux sociaux, on ne peut imaginer des étudiants dépourvus de toute compétence en matière de recherche informationnelle. Étant donné que ces études montrent que les étudiants s’approprient peu les ressources documentaires universitaires, nous pouvons nous demander si ce ne sont pas les ressources documentaires qui devraient être adaptées aux habitudes informationnelles des étudiants. Une meilleure appréhension de leurs logiques d’usage passe par l’exploration de leurs pratiques informationnelles personnelles – et pas seulement universitaires. Cela suppose également d’envisager cette question selon le point de vue des étudiants et leurs besoins, et non selon le point de vue des documentalistes ou des enseignants.
[1] Encadrement d’un projet de recherche financé par l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense (2012) : TOULEMONT Herlène, « Quelles sont les pratiques informationnelles des étudiants du campus de Paris Ouest Nanterre La Défense ? », coordination du projet : Brigitte Juanals et Jean-Luc Minel, UMR 7114 MODYCO
Question : les jeux vidéo, oubliés de la rencontre ?
Laurent Trémel, sociologue, co-auteur avec Tony Fortin de Mythologie des jeux vidéo, Paris. Le Cavalier Bleu. 2009
Depuis près de 30 ans, la pratique des jeux vidéo présente une grande importance dans les modes de socialisation de la jeunesse et dans leur rapport aux « petits écrans » (puisque pouvant être joués sur des postes de télévision et des écrans d’ordinateurs et maintenant sur tablettes, consoles et téléphones portables).
M’intéressant à la question depuis une quinzaine d’années, ayant produit plusieurs travaux sur ce sujet, je m’étonne de constater qu’apparemment, notamment dans la Table ronde n°1, alors qu’il est question des responsabilités de l’école face aux cultures numériques et que l’on questionne à juste titre des notions médiatiques telles que « Digital natives », « Millenium Learners » ou encore « Génération Y », de ne voir apparaître aucune réflexion spécifique sur la pratique des jeux vidéo. Télécharger la contribution.
Définition et défense des biens communs numériques
Louise Merzeau, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université
Paris Ouest Nanterre La Défense
Dans l’environnement numérique, le partage est devenu une valeur et un principe d’efficacité, qui fait désormais l’objet d’une exigence intentionnelle ou irréfléchie de la plupart des utilisateurs.
Mais, en même temps, les processus de personnalisation de l’information et de défense des intérêts industriels radicalisent les logiques propriétaires dans l’accès aux contenus via l’enclosure des vecteurs d’échange et de publication et limitent le périmètre du partageable.
Dans ce contexte, la définition et la défense des biens communs numériques constituent un enjeu essentiel pour qui veut comprendre les mécanismes de l’information et participer à la construction, la préservation et la transmission d’espaces communs de savoirs, de culture et de mémoire. Télécharger la contribution.
« Veux-tu être mon ami ? »
Pistes de réflexion critique sur « l’Internet relationnel » des ados
Pascal Lardellier, professeur à l’Université de Bourgogne
Ce texte entend poser à grands traits les résultats d’enquêtes menées sur le rapport entre les adolescents, les TIC et Internet. En peu de mots, nous sommes face à une reconfiguration de paradigmes relationnels, sociaux, politiques et culturels. Les jeunes ont pris beaucoup d’avance, leurs machines démiurgiques en mains. Et pourtant, ils n’ont jamais eu autant besoin des adultes, pour adopter recul critique, mesure et discernement. Télécharger la contribution.
Pour un enseignement de l'information et des médias
Fédération des associations des enseignants-documentalistes de l'Éducation Nationale (FADBEN)
Les 21 et 22 mai 2013, l'Institut Français de l'Education accueille une conférence nationale intitulée « Cultures numériques, éducation aux médias et à l’information ». Dans la présentation de cet événement, consultable sur le site de l'IFE, sont définis les enjeux et les objectifs des communications. Il s'agit ainsi « d'assurer à chaque élève une éducation aux médias et à l'information qui soit une voie d'accès efficace aux savoirs et un vecteur de leur partage et que chaque enseignant puisse contribuer à cette éducation ». Télécharger la contribution.
