Questions TR 5 : Ressources et formation
Pour préparer au mieux la table ronde, nous avons sollicité des chercheurs, des formateurs, des responsables impliqués dans des dispositifs de formation, tous intéressés par les questions en jeu. Voici les contributions qui nous sont parvenues sous la forme de nouvelles questions visant à nourrir la discussion. Claude Bisson-Vaivre et Luc Trouche
Geneviève Lameul, maître de conférences, Mission numérique pour l'enseignement supérieure (MINES /MESR)
[De Geneviève Lameul] Je voudrais questionner cette métamorphose du travail enseignant ainsi que les occasions de développement professionnel qu’engendre le numérique.
Je vois assez bien la facilité de communication, de création de réseaux, de mise en commun des ressources, de création de communauté. Je vois un peu moins lisiblement et dans la durée cette métamorphose évoquée : quelles manifestations concrètes ? quels effets sur l’apprentissage des apprenants ? Est-ce que cette métamorphose engendre un même phénomène chez les élèves et étudiants ? À quelles conditions ? Existe-t-il un profil particulier des enseignants qui s’engagent dans ces démarches ? Quelle relation avec l’innovation ? S’agit-il plutôt de processus d’adaptation de pratiques quotidiennes sur le mode du « bricolage » ou de postures engagées dans un projet de transformation de l’éducation ? Y a –t-il une attente de reconnaissance institutionnelle ? en quels termes ? Et si ces pratiques accédaient à la reconnaissance institutionnelle, ne risqueraient pas de perdre de leur qualité inventive ? Nous connaissons traditionnellement la difficulté des enseignants à entrer et utiliser des ressources non élaborées par leur soin : qu’est-ce qui fait que dans les cas évoqués autour de la table, c’est possible ? Quelles conditions sont réunies ? Sur quelles compétences en formation faire porter l’accent pour que plus d’enseignants entrent plus naturellement dans ce processus ? Une dernière question : intérêts et limites d’un projet de mise en visibilité des initiatives intéressantes et innovantes en matière d’usage pédagogique du numérique ?
Birgit Pepin, enseignante-chercheuse dans le domaine de l’éducation mathématique, Trondheim, Norvège
[De Birgit Pepin] My interest lies with mathematics teachers developing into 'instructional leaders', so that they can work with other colleagues in that capacity- this is an important aspect of 'scaling up' teacher professional development and capacity building. The literature (e.g. Koellner et al., 2011) provides at least three features of professional development (programs) that play an important role in developing leadership skills and building teachers’ capacity: 1) fostering a professional learning community; 2) developing teachers’ mathematical knowledge for teaching; 3) adapting professional development to support local needs and interests. In which ways can ICT in mathematics teacher professional development support this 'teachers developing as instructional leaders'?
Référence :
Koellner K., Borko H. & Jacobs J. (2011). « Scaling up mathematics professional development: Critical features for developing instructional leadership skills and building teacher capacity ». Mathematics Teacher Education and Development, vol. 13, n° 1, p. 115-136.
Sébastien Hache, enseignant de mathématiques, animateur de Sésamath
[De Sébastien Hache] J'ai deux questions principales :
- Concernant le travail collaboratif entre enseignants, il nous semble qu'on ne peut pas se passer d'une réflexion sur la question de la licence et du format des ressources. C'est en effet, de notre point de vue, une question fondamentale pour permettre l'adaptation, la réutilisation, l'échange et donc in fine la co-formation. Ce n'est assurément pas une condition suffisante, mais nous pensons que c'est une question nécessaire. D'où notre intérêt pour l'exception pédagogique et la « libération » des ressources institutionnelles. Cela amène une question : « Même si le travail collaboratif ne se décrète pas, ne pensez-vous pas qu'il pourrait être pertinent d'y sensibiliser les enseignants en formation dans les futures Espé, en particulier sur cette question des licences et des formats ? »
- Par rapport à l’intervention de Kenneth Ruthven, en particulier sur la question des « incertitudes de qualité », il nous semble intéressant d'interroger les collaborations possibles entre collectifs d'enseignants et chercheurs : ce lien n'est pas évident car les uns et les autres évoluent dans des temps différents et selon des modalités différentes. Or, de notre point de vue, quand la rencontre a lieu, elle peut être très profitable pour tous. D'où cette seconde question : « Comment favoriser et optimiser les échanges entre la recherche et ces collectifs ? Et surtout, en quoi ces échanges peuvent-ils modifier ponctuellement ou en tendance la qualité des ressources développées dans des collectifs enseignants ? ».